Son rêve : devenir policière

Si vous croisez Nadia Staub en service, vous la trouverez en uniforme bleu marine, avec une arme à la ceinture et une casquette. Eh oui! Cette Suissesse de 44 ans exerce la fonction de policière. Mais des casquettes, Nadia en endosse plusieurs autres: épouse, mère de quatre enfants ou encore directrice d’une petite maison d’éditions.
Un rêve d’enfance
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Nadia caresse le rêve de devenir policière dès ses douze ans. En effet, son enfance en Côte d’Ivoire l’a sensibilisée à certaines injustices. Et dans sa famille, on la surnomme «œil de lynx» car elle écoute et observe tout ce qui se passe autour d’elle. Quand vient le temps de se former, Nadia cherche une place d’apprentie auprès des communes de sa région pour mettre déjà un pied dans l’administratif.

Aujourd’hui policière expérimentée, elle est heureuse de se mettre à la disposition de ses concitoyens, que ce soit pour une perte de documents ou une investigation pour crime. «Lorsqu’ils viennent exposer leurs problèmes, j’aime les écouter et faire des auditions précises sur ce qui s’est passé. J’aime enquêter, trouver des indices, des preuves et finalement, arrêter les auteurs des délits», partage-t-elle. Elle sillonne son secteur en voiture de patrouille pour des délits en tous genres, mais aussi pour la recherche d’enfants ou de personnes âgées disparus.
Sa foi, une aide professionnelle
Pour Nadia, concilier son engagement chrétien avec son travail ne pose pas de problème. Dans sa vie professionnelle comme personnelle, elle avance en faisant confiance à Dieu pour ses tâches. Elle estime même que sa foi l’aide à être impartiale et à ne pas juger une personne sur son apparence, mais à chercher des preuves afin de les soumettre à la justice. «Malgré toutes mes années d’expérience, je garde un regard d’empathie envers mon interlocuteur, qu’il soit victime ou auteur. Il le ressent et arrive ainsi, très souvent, à me raconter des faits qui ne sont pas forcément faciles à évoquer, comme les violences sexuelles», partage Nadia.
Elle ne perd pas de vue le métier
de ses rêves.
En outre, porter une arme ne confère pas à Nadia un sentiment de puissance mais plutôt de sécurité, pour elle-même et pour ses concitoyens: «Dans ce monde, il n’y a pas que des gentils, et en tant que policière, je suis amenée à faire respecter les lois», détaille-t-elle. Mais est-il évident d’évoluer dans un milieu plutôt masculin? Nadia répond que depuis toute petite, elle a toujours été entourée d’hommes. Tout en avouant que parfois, ils lui ont rendu la vie bien difficile: «J’ai appris à me défendre et à force des années, cela a conforté mon caractère de battante!», relève la policière.
Plusieurs casquettes
Si aujourd’hui Nadia jongle plutôt bien entre ses rôles de maman, policière et éditrice, tout n’a pas toujours été simple. Lorsqu’elle était enceinte de son premier enfant, la Suissesse n’a pas anticipé comment concilier famille et travail. Alors que son canton autorise aux agents de réduire leur pourcentage tout en restant «sur le terrain», elle devient une pionnière en choisissant de travailler à 40 %.
Mais en recevant son premier plan de service, elle réalise qu’elle va devoir choisir entre son enfant et son emploi: «En larmes, j’ai déposé ma démission. Cela m’a brisé le cœur de perdre le métier le plus beau du monde, après tout ce que j’avais investi pour y arriver et faire ma place», confie Nadia. Mais selon sa conception, il est hors de question qu’une tierce personne ou institution prenne en charge l’éducation de son enfant.
Retour d’un rêve
Entre son deuxième et troisième enfant, Nadia crée donc les éditions Oladios afin de pouvoir travailler à la maison. Mais elle ne perd pas de vue le métier de ses rêves. Lorsque son quatrième enfant entre enfin à l’école, la mère de famille re-propose ses services à la police. Et à sa surprise, la réponse est positive. «A présent, je gère comme je peux mon rôle de femme, de mère, d’éditrice et de policière. Cela me donne un équilibre et me permet de grandir encore dans tous ces domaines», conclut Nadia.
